Lorsqu’on traverse une période difficile, on se tourne naturellement vers les personnes en qui l’on a confiance. Un proche bienveillant, un ami de longue date, un collègue à l’écoute. Ces soutiens sont précieux, et indispensables à notre équilibre de vie. Pourtant, aussi attentifs soient-ils, ils ne peuvent se substituer à un professionnel de la santé mentale. Et lorsqu’il s’agit de thérapie, un principe fondamental distingue un thérapeute d’un proche : la neutralité.
Une relation thérapeutique n’est pas une relation amicale
Contrairement à une amitié, où les échanges sont réciproques et impliquent une certaine symétrie, la relation thérapeutique repose sur une asymétrie volontaire : le thérapeute est là pour vous, et non l’inverse. Il n’attend rien de vous, ne partage pas ses états d’âme, et ne recherche pas de gratification personnelle dans l’échange.
L’objectif du thérapeute n’est pas d’être aimé, mais de vous aider à comprendre ce que vous traversez, à mettre en mots vos émotions, à identifier vos schémas de pensée, et à évoluer à votre rythme. Cette posture spécifique, parfois déstabilisante au début d’une thérapie, est justement ce qui permet au cadre thérapeutique d’exister et d’être efficace.
L’importance de la neutralité : ni conseils, ni jugements
Un bon thérapeute ne donne pas de conseils. Il ne vous dira pas quoi faire. Cela peut surprendre, car c’est souvent ce que l’on attend instinctivement lorsque l’on souffre. Pourtant, c’est un des fondements de l’éthique thérapeutique : ne pas orienter les décisions du patient.
Pourquoi ? Parce que la thérapie ne vise pas à vous rendre dépendant d’une autorité extérieure, mais à vous aider à trouver vos propres réponses, à renforcer votre autonomie psychique. Le thérapeute vous accompagne, vous questionne, vous confronte parfois avec bienveillance, mais ne prend jamais les rênes de votre vie. Cette neutralité protège la relation de toute projection, de toute attente inconsciente de sauvetage.
L’ami, un rôle différent mais complémentaire
Un ami, lui, a un rôle tout autre. Il est là pour vous soutenir émotionnellement, vous conseiller selon sa propre expérience, vous encourager ou même vous distraire. Il peut avoir un avis sur votre situation, prendre parti, vous dire ce qu’il ferait à votre place. Il vous aime, et cet amour peut parfois brouiller la compréhension de vos besoins profonds, même avec les meilleures intentions.
Par ailleurs, les amis ont aussi leurs propres limites. Ils ne sont pas formés à l’écoute thérapeutique, à la gestion des mécanismes de défense ou aux dynamiques inconscientes qui peuvent émerger au cours d’un échange sensible. Leur regard est, par essence, impliqué émotionnellement : ils vous connaissent, ont une histoire avec vous, des opinions sur votre entourage ou vos choix, et peuvent, sans le vouloir, projeter leurs propres peurs ou attentes. Ils peuvent aussi se sentir impuissants, se fatiguer émotionnellement ou culpabiliser de ne pas pouvoir « faire plus ». Ce n’est pas leur rôle de porter votre souffrance, et les en charger peut mettre en péril la relation...