Comment ralentir la maladie d'Alzheimer ?

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Comment ralentir la maladie d'Alzheimer ?


La maladie d'Alzheimer est une affection neurodégénérative qui se caractérise par une détérioration progressive des capacités cognitives telles que la mémoire, le langage, le raisonnement ou le jugement. Elle entraîne aussi des altérations comportementales se manifestant par de l’agitation, des symptômes dépressifs, de l’apathie, ou de l’agressivité.

Bien qu'il n'existe actuellement aucun remède curatif, des stratégies peuvent être adoptées pour ralentir son évolution et atténuer ses impacts sur la qualité de vie. Ces stratégies s'articulent autour de trois axes principaux : la prévention, les traitements médicamenteux et l'accompagnement psycho-social.

Prévention : une ligne de défense proactive

Adopter un style de vie favorisant la santé cérébrale et minimisant les facteurs de risque est le pilier de la prévention. Les mesures conseillées incluent :

1- Une alimentation équilibrée, privilégiant des apports en fruits, légumes, poissons, noix et huile d'olive, tandis que les graisses saturées, les sucres et l'alcool devraient être limités. Des études suggèrent que certains aliments, grâce à leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, peuvent exercer des effets protecteurs sur le cerveau. Parmi eux, le curcuma, le thé vert, les baies et le chocolat noir avec plus de 70% de cacao sont souvent cités (Sliwinska et al., 2021).

2- L'exercice physique régulier, recommandé à raison d’au moins 30 minutes par jour, optimise la circulation sanguine, l’oxygénation cérébrale et stimule la neurogenèse. Le sport contribue également à diminuer le stress, à améliorer la qualité du sommeil et à prévenir des affections telles que l'obésité, le diabète, l'hypertension et les maladies cardiovasculaires, qui sont des facteurs de risque de la maladie d'Alzheimer (Radak et al., 2010).

3- La stimulation intellectuelle et sociale, essentielle pour renforcer les réseaux neuronaux et la plasticité du cerveau. Cela peut être réalisé à travers la lecture, l'écriture, l'apprentissage de nouvelles compétences, les jeux, la musique, les arts, et la maîtrise de plusieurs langues. Il est aussi crucial de maintenir un tissu relationnel dense et engageant, favorisant le partage émotionnel, le rappel de souvenirs et l'implication dans des projets collectifs (activités associatives, culturelles ou bénévoles… ).

4- Le suivi des facteurs de risque génétiques, particulièrement pour les individus ayant des antécédents familiaux. La connaissance des mutations génétiques, telles que celles du gène APOE4, peut avertir d'un risque accru (Serrano-Pozo et al., 2021). Des biomarqueurs peuvent être détectés via des tests génétiques. Ces tests ne sont actuellement pas généralisés pour des raisons de fiabilité à affiner et de coût, mais ils pourraient, à l'avenir, jouer un rôle crucial dans la stratégie préventive.

Traitement médicamenteux : pallier le déclin cognitif

La pharmacothérapie vise à ralentir la dégénérescence cognitive et à pallier les changements comportementaux. Les médicaments fréquemment utilisés sont :

1- Les inhibiteurs de la cholinestérase, qui améliorent la transmission cholinergique en interférant avec la dégradation de l’acétylcholine, un neurotransmetteur impliqué dans la mémoire et le jugement, sont prescrits pour les formes légères à modérées de la maladie. Ils tendent à améliorer les fonctions cognitives et réduire certains troubles comportementaux mais peuvent entraîner des effets indésirables comme des troubles gastro-intestinaux et des céphalées.

2- Les antagonistes des récepteurs N-méthyl-D-aspartate (NMDA) qui modulent les effets du glutamate, un autre neurotransmetteur crucial pour l'apprentissage et la plasticité synaptique. Indiqués pour les formes modérées à sévères, ces médicaments peuvent atténuer la progression des symptômes et améliorer la qualité de vie en prévenant la surstimulation neuronale. Ils peuvent engendrer des effets secondaires comme la confusion ou des troubles cardiaques.

Il est important de noter que ces traitements ne sont pas universellement efficaces et que leurs bénéfices peuvent s'estomper avec le temps. Ils ne permettent pas de stopper ni de guérir la maladie, mais seulement de la ralentir. Il est essentiel de consulter un professionnel de la santé pour obtenir des conseils personnalisés.

La recherche développe des thérapies ciblant les lésions cérébrales caractéristiques de la maladie, comme les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Ces pistes reposent sur des approches immunologiques, génétiques, cellulaires ou moléculaires, mais elles n'ont pas encore abouti à des résultats concluants.  

D’autres pistes innovantes sont explorées pour la prévention et le traitement de la maladie d’Alzheimer comme l’utilisation de nanoparticules douces, notamment les nanoliposomes et les exosomes. Ces systèmes intelligents de délivrance de médicaments peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique et cibler les tissus cérébraux. Une méthode prometteuse est l’administration intranasale, qui devrait être étudiée dans des essais précliniques et cliniques pour les maladies neurodégénératives (Passeri et al., 2022).

Accompagnement : une prise en charge globale

L'approche holistique est clé dans le soutien des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Il consiste à prendre en charge les personnes malades de manière globale, personnalisée et coordonnée, en impliquant différents professionnels de santé et des structures adaptées. Cela comprend :

  • Un diagnostic précoce, qui permet de mettre en place un plan de soin, d'informer le patient et ses proches, de bénéficier d'un suivi médical régulier, de prévoir les mesures juridiques et financières nécessaires, et de participer à des programmes d'éducation thérapeutique.
 
  • L'adaptation de l'environnement pour garantir sécurité et confort, tout en stimulant le patient. Il s'agit de supprimer les sources de danger, de simplifier les tâches quotidiennes, de favoriser les repères spatio-temporels, de maintenir une routine, de proposer des activités adaptées aux capacités et aux goûts du patient, de respecter son rythme et ses besoins, et de communiquer avec lui de manière claire, positive et empathique.  
     
  • Le recours à des aides extérieures professionnelles à domicile ou dans des structures spécialisées en fonction du degré de dépendance du patient et des besoins des aidants. Il existe des professionnels de santé à domicile, comme des infirmiers, des aides-soignants, des ergothérapeutes, des psychologues, des assistants sociaux, etc. Il existe aussi des structures d'accueil, comme des centres de jour, des accueils de nuit, des hébergements temporaires ou permanents, qui offrent des soins, des activités et un accompagnement adaptés. Les associations comme France Alzheimer, viennent également enrichir l'éventail de ressources disponibles avec des informations, des formations et un soutien moral.

  • Le soutien aux aidants, un maillon essentiel du processus de soin, mais qui sont souvent confrontés à des difficultés physiques, psychologiques, sociales et matérielles. Il est important qu'ils prennent soin d'eux-mêmes, qu'ils se ménagent des temps de repos, de loisir, de détente, qu'ils sollicitent de l'aide, qu'ils expriment leurs émotions, leurs besoins, leurs attentes, qu'ils s'informent, qu'ils échangent avec d'autres aidants, et qu'ils bénéficient d'un soutien adapté.

La maladie d'Alzheimer est une maladie qui a de graves conséquences sur la vie du patient et de son entourage. Il existe des moyens pour tenter de la ralentir ou d'en atténuer les conséquences. Ces moyens reposent sur une prévention active, un traitement médicamenteux approprié et l’organisation d’un accompagnement adapté. Il est essentiel de se renseigner sur la maladie et de consulter un médecin en cas de symptômes préoccupants. Si vous en avez la possibilité, vous pouvez aussi apporter votre soutien à la recherche et aux organismes luttant contre la maladie.