Je n’aime pas mon corps 😕
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Louise halimi
L’insatisfaction corporelle est un sentiment courant mais qui peut être très perturbant sur le plan émotionnel. Elle est basée sur une perception négative de son propre physique. Elle englobe des dimensions psychologiques et émotionnelles. Elle est à prendre très au sérieux car elle peut conduire à des pathologies mentales sévères.
Si vous, ou l’un de vos proches, souffrez de cet état émotionnel, il est important de chercher à comprendre les causes de ce malaise. C’est une démarche qui peut être difficile, mais qui vous aidera à trouver la meilleure solution pour vous en libérer.
On identifie 3 grands responsables pour expliquer la construction d’une mauvaise image de soi
- Les influences socioculturelles : la pression des médias et des normes socioculturelles peut mener à une image corporelle négative. Les standards de beauté irréalistes, souvent promus dans la publicité et les réseaux sociaux, jouent un rôle non négligeable (Grabe et al., 2008). Selon l’étude de Jiosta et al. (2021), il y a un lien entre la fréquence avec laquelle on se compare aux personnes que l’on suit sur les réseaux sociaux et notre niveau de mécontentement corporel.
- Les facteurs psychologiques : les pensées négatives sur le corps prennent souvent racine sur des troubles psychologiques. Le manque d’estime de soi, le perfectionnisme et les tendances comparatives favorisent l’insatisfaction corporelle.
- Les mauvaises expériences de vie : la maladie, le harcèlement, les moqueries ou les commentaires négatifs sur le physique peuvent conduire à une image de soi dégradée. Ainsi les jeunes atteints d’une maladie chronique parlent moins positivement de leur corps que leurs pairs en bonne santé (M. Pinquart, 2013).
Il y a 3 populations plus à risque d’en souffrir
- Les adolescents : cette période de changement peut intensifier l'insécurité liée à l'apparence physique, rendant les adolescents particulièrement sensibles à l'influence des normes esthétiques.
- Les jeunes femmes : elles sont exposées à d’intenses pressions esthétiques et donc particulièrement à risque. Des recherches, comme celle de Hargreaves et al. (2004), soulignent la prévalence élevée de l’insatisfaction corporelle chez les jeunes femmes.
- Les personnes avec prédisposition : les individus avec des antécédents familiaux de troubles alimentaires ou de problèmes de santé mentale pourraient-être plus sensibles.
Cet état d’être a un impact sur la santé
- Santé mentale : des recherches soulignent les liens entre l’image corporelle négative et les symptômes de la dépression (Soares Filho, 2020). L’insatisfaction corporelle peut également mener à l’anxiété et à des troubles alimentaires sévères comme l’anorexie et la boulimie.
- Santé physique : les comportements extrêmes pour essayer de changer le corps (exercice excessif, régimes dangereux… ) impliquent des risques physiques et peuvent s’avérer très nocifs. Une étude de Gonçalves and al. (2023) identifie des comportements plus à risque pour la santé tels que l’utilisation de tabac, d’alcool et de drogues chez les adolescents qui déclarent une insatisfaction corporelle.
- Comportemental : Cela peut conduire à l’évitement social, le retrait des activités, une utilisation compulsive de miroirs ou de pèse-personnes et la recherche constante de validation.
Comment mieux vivre dans son corps
Travailler à identifier et déconstruire les raisons qui ont créé notre perception négative peut aider à reconnecter avec son corps. Elles sont multiples. Cela sera peut-être de comprendre que l’on a été victime de mauvais traitements, ou encore que le besoin de reconnaissance sociale nous a conduit à survaloriser l’esthétique.
Il sera également important de consacrer du temps à cultiver son équilibre intérieur. Apprendre à relâcher la pression exercée sur son apparence physique peut s'avérer libérateur. Certains trouveront du réconfort dans l'acceptation que les fluctuations émotionnelles sont une partie naturelle de l'expérience humaine. D'autres comprendront qu'il n'existe aucune obligation absolue d'aimer inconditionnellement son corps. L'essentiel réside dans le fait de s'autoriser à prendre du recul par rapport à cette relation avec son corps. Une vie épanouissante dans son propre corps nécessite souvent une revalorisation du bien-être intérieur et un approfondissement de la connaissance de soi.
Plusieurs pratiques peuvent aider à se reconnecter à soi
- Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC) : elles visent à remettre en question et à changer les pensées et croyances négatives sur le corps afin de pouvoir développer une relation plus positive avec lui. Elles ont montré des résultats prometteurs.
- Groupes de support : les groupes de support peuvent offrir de l’empathie et aider à trouver des stratégies pour cultiver une image corporelle positive. Le soutien social aide à retrouver l’estime de soi.
- Méditation : la pratique de la pleine conscience peut aider à accepter son corps tel qu’il est. L’étude de Gopan et al. (2023), suggère que la pleine conscience peut être bénéfique pour améliorer l’image corporelle.
C’est également par des interventions positives que l’on pourra éviter ces situations à l’avenir
- Promouvoir la diversité dans notre quotidien : même si nous ne sommes pas directement concernés par ces situations, il est important que nous réfléchissions à nos propres attitudes et comportements. Nous pouvons nous interroger sur les remarques et les jugements que nous portons sur les autres, et sur les stéréotypes et les préjugés que nous véhiculons. En adoptant une posture plus ouverte et respectueuse, nous pouvons contribuer à créer une société plus inclusive et harmonieuse.
- Les campagnes de sensibilisation : valoriser les médias, les supports et les initiatives qui offrent des représentations plus diverses et réalistes du corps humain. Des campagnes peuvent contribuer à changer les normes socioculturelles. Des initiatives telles que #BodyPositivity et #BodyNeutrality sur les réseaux sociaux ont permis de questionner les injonctions faites aux femmes et la nécessité d’une diversité corporelle visible.
- Les programmes d’éducation à l’image du corps : encourager des interventions en milieu scolaire et universitaire pour promouvoir une acceptation de la diversité corporelle.
Vivre cette situation peut engendrer une grande souffrance, et entreprendre ce cheminement d’une meilleure acceptation de son corps peut sembler inaccessible ou s'avérer ardu. Si c’est votre cas et que vous n’êtes pas suivi par un thérapeute, n'hésitez pas à en discuter avec votre médecin. Il pourra vous guider vers des solutions pour soutenir votre démarche.
L’insatisfaction corporelle est un problème complexe qui trouve ses fondements dans la société, la culture et les expériences individuelles. Les études scientifiques soulignent l’ampleur de ce problème et mettent en évidence les populations les plus vulnérables. Les impacts sur la santé mentale, physique et comportementale sont significatifs, mais des approches positives, telles que les thérapies cognitivo-comportementales, les programmes éducatifs et le soutien de groupe, montrent des résultats prometteurs. En encourageant des représentations corporelles plus diverses dans les médias, et en s’interrogeant sur nos comportements, nous pouvons aussi contribuer à créer un environnement propice à l’acceptation de soi et des autres.