Reconnaître la violence

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Louise halimi

La violence a pour objectif de contrôler une personne ou un groupe de personnes pour imposer sa volonté.

Il y a plusieurs expressions à la violence et elles peuvent toutes s’exprimer à la fois.

La violence physique est l’usage délibéré de la force sur une personne au point qu’elle subit un préjudice corporel ou risque d’en subir un. Elle prend de nombreuses formes comme les coups de poing, coups de pieds, gifles, de tirer les cheveux, pincements, fessés, secousses, brûlures, empoisonnement, maintient sous l’eau, étouffements ou toute autre action dont l’usage est maltraitant ou dangereux pour une personne.

La violence verbale utilise la voix pour intimider. Ce n’est pas tant la tonalité qui est importante, mais plutôt la teneur des propos. La victime se verra injuriée, moquée ou menacée.

La violence psychologique utilise l’attitude pour faire peur ou faire perdre confiance à sa victime. Cela passe par la répétition de situations, de propos humiliants, méprisants et par de l’indifférence face aux demandes affectives. Cela donne l’impression à la victime d’être incompétente et sans valeur. Progressivement la personne violente crée une emprise et isole la victime pour qu’elle dépende affectivement uniquement de lui. Ce qui permet à la personne violente d’imposer petit à petit sa volonté sur tous les sujets et toutes les situations. La victime se sent bloquée et en plus de la violence subit, les risques de dépression, de suicide ou d’alcoolisme s’installent.

Voici une liste non exhaustive d’attitudes violentes:

  • criez régulièrement
  • adopter des attitudes menaçantes
  • utiliser la force pour arriver à ses fins
  • utiliser sa supériorité physique pour faire peur
  • insulter, humilier, dénigrer régulièrement une personne pour lui envoyer une image négative d’elle-même et susciter des émotions négatives (peur, honte, peine…)
  • dire régulièrement du mal de la famille et/ou des amis d’un proche  (conjointe/conjoint, enfant) et rendre difficile les contacts avec eux
  • contrôler, surveiller, accuser constamment une personne (conjointe/conjoint) et exiger des preuves de ses allées et venues
  • interdire des sorties à sa conjointe/son conjoint
  • manipuler en utilisant la violence psychologique pour par exemple convaincre la victime d’annuler une sortie avec son entourage
  • exercer un pouvoir disproportionné sur les dépenses sa conjointe/son conjoint, lui reprocher chaque dépense, utiliser des arguments financiers pour influencer les décisions sur la relation
  • proférer des menaces envers un proche (conjointe/conjoint, enfant) ou d'autres personnes
  • se mettre en colère et casser des objets, frapper sur une porte ou un mur, bloquer ou immobiliser un proche (conjointe/conjoint, enfant), s’attaquer à des choses auxquelles la personne tient...
  • menacer de se suicider ou de faire du mal à un proche  (conjointe/conjoint, enfant) si celui-ci ne fait pas ce qu’il souhaite
  • forcer à des pratiques spirituelles ou religieuses et remettre en cause les valeurs et croyances d’un proche (conjointe/conjoint, enfant)
  • lire des échanges privés sans le consentement de sa conjointe/son conjoint, l’obliger à partager ses comptes d’accès, sa position géographique
  • forcer à accepter des relations ou des pratiques sexuelles non souhaitées
  • partager des photos intimes d’une personne sans son consentement
  • harceler, épier et suivre une personne
  • frapper, violenter un animal de compagnie

Si vous avez l’un de ces comportements vous êtes violent. Si une personne de votre entourage a ce type de comportement, vous êtes spectateur ou victime d’une relation violente.

Il est difficile de sortir d’une attitude, d’une relation violente sans aide extérieure. En parler, se faire aider peut permettre d’éviter des situations graves ou une escalade de la violence.

Dans le cas des violences conjugales, on décrit un fonctionnement en cycle. On parle de cycle de la violence qui se développe en 4 phases. Il commence par la mise en place d’un climat de tension.

L’agresseur exerce des pressions psychologiques, physiques et isole la victime. Cette phase aboutira, sous n’importe quel prétexte, à une explosion de violence tournée contre la victime. Elle est suivie d’une phase de justification de l’agresseur qui minimise sa responsabilité, voire responsabilise la victime. S'ensuit une période d’effort de l’agresseur, qui en adoptant une attitude qui sera vécue comme exceptionnelle (cadeau, expression de regrets, partage de tâches, démonstration d’affection…) va faire oublier l'événement. Il va continuer, dans sa communication, à en minimiser la gravité et sa responsabilité. Mais de nouveau un climat de tension va s’installer et un nouveau cycle identique se produire.

A chaque cycle, les crises se rapprochent et sont plus intenses, ce qui augmente le danger pour la ou les victimes. Agir dès les premiers signes peut donc sauver des vies.

Un épisode violent n’est jamais anodin. En parler c’est s’autoriser à prendre conscience de la gravité de l'événement et permettre de mettre en place les actions pour que cela ne se reproduise plus jamais.

Que vous soyez agresseur ou victime, il existe des solutions!

De nombreuses associations et institutions publiques peuvent vous accompagner, vous permettre d’en parler et si besoin vous aider dans vos démarches pour sortir de cette situation (violence conjugale, maltraitance d’enfant). Si vous avez des doutes, prenez le temps d’échanger. C’est par le soutien et l’aide des autres qu’un autre avenir est possible et accessible plus rapidement.

Photo de engin akyurt