Le rêve : un phénomène psychique complexe

5 minute(s)

Le rêve est un état de conscience altéré qui se produit pendant le sommeil. Il est souvent accompagné d'images, de sons, d'émotions et de sensations qui peuvent sembler très réels. Le rêve intrigue, inquiète et fascine. Quand survient-il ? Que se passe-t-il dans le cerveau lorsque l'on rêve ? Peut-on contrôler le contenu de nos songes ? Ont-ils un lien avec notre propre vie ? Quelle est leur signification ? Autant de questions qui passionnent les scientifiques, les psychologues et les philosophes depuis des siècles.

Quand rêve-t-on ?

Les rêves se produisent principalement pendant la phase de sommeil paradoxal. C’est la dernière phase du cycle du sommeil, qui se caractérise par des mouvements oculaires rapides, une absence de tonus musculaire, une respiration et un rythme cardiaque irréguliers. Les encéphalogrammes révèlent que l’activité électrique du cerveau y est proche de celle de l’éveil. On rêve aussi pendant le sommeil non paradoxal, mais ces rêves sont plus courts, moins complexes et moins chargés émotionnellement que ceux du sommeil paradoxal.

Une nuit comprend de trois à six cycles de sommeil successifs d’une durée chacun de 90 à 120 minutes. Ces cycles sont composés de cinq stades au cours desquels le fonctionnement du corps et du cerveau varie. Le sommeil paradoxal est le cinquième et dernier stade. Il survient pour la première fois environ 90 minutes après l’endormissement et se répète plusieurs fois au cours de la nuit. La durée des rêves s’allonge au fil de la nuit. Le premier rêve dure une dizaine de minutes environ, le second une vingtaine, tandis que les suivants peuvent durer une demi-heure. Ce sont ceux dont on se souvient le mieux, puisqu'ils ont lieu en fin de nuit.

Que se passe-t-il dans le cerveau quand on rêve ?

Les progrès de l’imagerie cérébrale ont permis de mieux comprendre les mécanismes neurophysiologiques à l’œuvre durant les rêves. Quatre zones du cerveau s’activent, en particulier, lorsque nous sommes en phase de sommeil paradoxal :
- les régions visuo-spatiales (situées à l’arrière du cerveau), qui produisent des images ;
- le cortex moteur, qui simule les mouvements ;
- l’hippocampe, lié à la mémoire autobiographique ;
- l’amygdale et le cortex cingulaire, centres émotionnels profonds, liés à la gestion des émotions.

Les autres régions du cerveau sont significativement inactives. En particulier, le cortex préfrontal, en charge des idées rationnelles et des prises de décisions logiques, est « endormi » lorsque nous entrons dans un sommeil paradoxal. Cela expliquerait pourquoi nos rêves sont souvent illogiques, incohérents ou impossibles.

À quoi servent les rêves ?

Les rêves ont-ils une fonction biologique et psychologique ? Il n’existe pas, pour l’instant, suffisamment d’éléments scientifiques pour donner une réponse unanime à cette question, cependant plusieurs hypothèses sont avancées :

- Le rêve est un état du cerveau, tout comme le sommeil et le réveil. Il serait la conséquence d’une reprogrammation neurologique pour préserver la mémoire, la personnalité des individus (Payne et al, 2004).

- Le rêve serait essentiel pour nous aider à gérer les émotions vécues durant la journée. Il serait donc un régulateur de notre équilibre émotionnel. Sans lui, nous serions submergés par nos émotions.

- Le rêve serait un acte volontaire qui serait un moyen de résoudre nos problèmes ou guérir nos blessures psychiques. Cette théorie fait la part belle au « rêve lucide », c’est-à-dire que l’on peut contrôler.

- Le rêve serait une activation aléatoire des neurones dans notre cerveau. En effet, la nuit, notre cerveau continue de fonctionner : il traite les informations reçues durant la journée et réagit également aux stimuli extérieurs durant le sommeil. Mais étant donné qu’il n’est pas complètement alerte, les scénarios qui défilent dans notre tête ne sont pas toujours cohérents.

- Le rêve serait une manifestation de désirs refoulés qui apparaissent de façon imagée. Ce  serait un message de notre inconscient. Le rêve nous permettrait de « discuter » avec les différents aspects de nous-même, notamment ceux que nous méconnaissons. Un dialogue qui, selon le psychiatre Carl Gustav Jung, nous aiderait à progresser dans la vie grâce à une meilleure connaissance de nous même.

Le rêve, ce phénomène psychique complexe, intrigue depuis des siècles. Les avancées en imagerie cérébrale ont dévoilé une activité cérébrale spécifique lors des rêves, activant des zones associées à la visualisation, à la mémoire, aux émotions et à la simulation motrice. Pourtant, la signification profonde des rêves demeure insaisissable, suscitant différentes théories et hypothèses. Certains envisagent une fonction de régulation émotionnelle, quand d'autres y voient un reflet de nos désirs inconscients. La recherche progresse et nous invite à explorer davantage ce territoire mystérieux de notre esprit, où le réel se mêle à l'imaginaire, et où la science rencontre l'intuition humaine. Les études actuelles ouvrent la voie à de nouvelles perspectives, éclairant peu à peu cette énigme qu'est le rêve, phénomène à la fois intime et universel, offrant un miroir à nos pensées, nos émotions et nos aspirations les plus profondes.